Le guide indispensable pour rendre l'information accessible aux personnes en difficulté

Sur les documents papier, préférer la police à bâtons type Times ou Garamond aux polices fantaisies comme Comic. Dans la communication orale, regarder la personne dans les yeux (et non pas la personne qui l'accompagne), lui parler sans l'infantiliser, ne pas hésiter à renforcer le message verbal par des pictogrammes, dessins, émoticônes... Voici quelques "trucs" donnés par le "Guide pour une information accessible" aux personnes handicapées visuelles ou mentales, aux personnes illettrées ou parlant mal le Français. En réalité, utile à tous et pour tous.
Santé publique France (SPF) publie, avec le soutien de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), un document d'une centaine de pages intitulé "Communiquer pour tous - Guide pour une information accessible". Ce guide a été élaboré avec la Chaire interdisciplinaire de recherche en littératie et inclusion (Cirli) de l'Université du Québec en Outaouais. 
Les Québécois sont en effet en avance en ce domaine, la littératie s'entendant, selon la définition de l'OCDE, comme "l'aptitude à comprendre et à utiliser l'information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d'atteindre des buts personnels et d'étendre ses connaissances et ses capacités".

Un outil pratique pour tout émetteur d'information

En l'occurrence, la publication de ce document s'inscrit dans le cadre de la politique en faveur de l'accessibilité de l'information pour les personnes en situation de handicap, d'illettrisme ou maîtrisant mal le français. En pratique, le guide s'adresse à toute personne ou organisme - comme les collectivités territoriales et leurs établissements - souhaitant communiquer une information claire et lisible pour le plus grand nombre. Sa publication s'inscrit dans le prolongement d'autres initiatives, comme le développement du "Français facile à lire et à comprendre", qui consiste en l'adaptation de textes, notamment officiels ou d'information, pour des personnes handicapées mentales.

Quelles règles pour les documents imprimés ?

Le guide est organisé en quatre parties. La première se consacre à la conception de documents imprimés. Elle couvre à la fois les aspects visuels (présentation), linguistiques (choix des mots et des phrases), informatifs (choix de l'information) et structurels (organisation de l'information). Les informations fournies par le guide aux organismes qui souhaitent s'adresser à des publics fragiles sont à la fois nombreuses, précises et très concrètes.
Sur l'aspect visuel des documents imprimés, par exemple, elles abordent ainsi les questions du choix des polices de caractère, de l'alignement du texte, de la mise en évidence (caractères gras, encadrés, flèches, puces...), des couleurs et des contrastes, des tableaux et graphiques, des énumérations, des espaces ou encore du choix du papier (plutôt du papier mat ou semi-mat pour éviter les reflets). Sur les aspects linguistiques, les conseils - de bon sens - dépassent largement le seul cas des publics fragiles et entrent dans le cadre de la simplification du langage administratif (par exemple, dire "école" plutôt qu'"établissement scolaire", "décider" plutôt que "prendre une décision"...).

Images et internet

La seconde partie du guide utilise la même approche pratique et concrète sur la conception et la réalisation des images. Elle traite ainsi du contenu des images (et notamment de la possibilité de transmettre de l'information par le biais du dessin), du texte associé, de l'emplacement des images, de leur qualité et du choix des images (avec en particulier la question des pictogrammes).
Le troisième chapitre aborde la conception des sites web et des supports numériques. Il s'agit a priori d'un thème plus balisé, compte tenu de l'existence de différentes normes nationales (RGAA) on internationales (WCAG) en la matière. En une vingtaine de pages, ce chapitre propose cependant une synthèse très pédagogique sur un sujet complexe, allant de la navigation aux diaporamas (Powerpoint en langage compliqué), en passant par la conception et la rédaction d'une page web, les images, les contenus multimédias, les fichiers numériques, les formulaires et questionnaires, ou encore les tests d'accessibilité, protections de l'internaute et autres captchas (dispositifs anti-robots, à éviter et à remplacer par le recours à des images à cliquer).

Comment parler simple et clair...

Enfin, le dernier chapitre est plus inattendu, puisqu'il se consacre à un sujet nettement moins exploré : celui de l'accessibilité de la communication orale. Il détaille notamment les conditions favorables à cette forme de communication, les façons de communiquer l'information et la compréhension de cette dernière. Là aussi, les conseils prodigués dépassent le seul cas des publics fragiles et peuvent, par exemple, intéresser tous ceux qui sont amenés à conduire des entretiens d'évaluation de leurs collaborateurs.
Point important : chacun des quatre chapitres se termine par une très utile "liste de vérification", sorte de check-list (terme qu'il faudrait éviter...) permettant de passer un document au crible de l'accessibilité avant sa finalisation. Enfin, un aide mémoire complète ce guide indispensable, en passant en revue les différentes étapes d'une démarche de conception de l'information avec les parties prenantes.

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